Fixie ou Single Speed : Pourquoi rouler sans vitesses ?

Fixie

Minimalisme, légèreté, style et connexion directe avec la route : les vélos à pignon fixe (fixie) et à roue libre (single speed) séduisent de plus en plus de cyclistes, qu’ils soient urbains, sportifs ou aventuriers. Mais quelle est la différence entre ces deux types de vélos mono-vitesse ? À qui s’adressent-ils ? Quels sont leurs avantages, leurs limites, et comment bien les choisir ? Ride & Smile vous guide pour tout comprendre.

Fixie et Single Speed : Quelles différences ?

Le Fixie (Pignon Fixe)

Le fixie, ou vélo à pignon fixe, se distingue par son pignon arrière qui est solidaire de la roue : si la roue tourne, les pédales tournent également, et inversement. Il est donc impossible d’arrêter de pédaler sans que le vélo ne freine ou ne recule. Ce système offre une connexion directe entre le cycliste et la route, ainsi qu’un contrôle total sur le vélo. Le freinage peut s’effectuer en bloquant les pédales (rétropédalage) ou en utilisant un frein avant, souvent recommandé pour plus de sécurité. Les sensations uniques du fixie incluent la possibilité de rouler en marche arrière ou de réaliser des dérapages contrôlés, appelés « skid », ce qui en fait un choix prisé des amateurs de sensations fortes et de pilotage précis.

Le Single Speed (Roue Libre)

Le single speed, en revanche, est équipé d’une roue libre : vous pouvez arrêter de pédaler sans que la roue ne s’arrête, comme sur un vélo classique. Bien qu’il ne dispose que d’une seule vitesse, il n’impose pas de pédaler en permanence, ce qui le rend plus accessible et moins exigeant physiquement que le fixie. Le freinage s’effectue de manière traditionnelle, grâce à des freins sur jante. Les sensations offertes par le single speed sont plus proches de celles d’un vélo classique, ce qui en fait une option idéale pour ceux qui recherchent la simplicité mécanique sans les contraintes du pignon fixe.

Il existe également des jantes dites « flip-flop », équipées d’un pignon fixe d’un côté et d’une roue libre de l’autre. Ce système permet de tester les deux sensations et de choisir celle qui correspond le mieux à sa pratique, simplement en retournant la roue arrière. Une solution pratique pour les indécis ou ceux qui souhaitent explorer les deux univers avant de se décider.

Certains cyclistes, séduits par le minimalisme ou la recherche de sensations authentiques, roulent parfois sans frein sur leur fixie, en comptant uniquement sur le freinage par rétropédalage. Pourtant, la réglementation française est très claire :

L’obligation légale

L’article R315-3 du Code de la route prévoit que :

« Tout cycle doit être muni de deux dispositifs de freinage efficaces, agissant respectivement sur la roue avant et sur la roue arrière. »

Cette obligation s’applique à tous les vélos circulant sur la voie publique, y compris les fixies et les single speed.

Le décret n° 2016-364 du 29 mars 2016 renforce cette exigence en précisant que :

« Les bicyclettes doivent être munies d’au moins deux systèmes de freinage indépendants agissant chacun sur une roue différente. »

Seuls les vélos de piste utilisés exclusivement en vélodrome échappent à cette règle, car ils ne circulent pas sur la voie publique.

Sanctions et risques encourus
  • Amende : le défaut de freins constitue une infraction au Code de la route passible d’une contravention de 2ᵉ classe, soit 35 € d’amende forfaitaire (montant minoré : 22 €).
  • Pas de retrait de points : une infraction à vélo n’entraîne aucun retrait de points sur le permis de conduire.
En cas d’accident

Rouler sans freins conformes peut avoir de graves conséquences :

  • Sur le plan civil, le cycliste pourra être jugé partiellement ou totalement responsable des dommages causés, même s’il est victime.
  • Sur le plan pénal, un défaut d’équipement peut être interprété comme une faute caractérisée, aggravant la responsabilité du cycliste en cas de blessure d’autrui.

Même sur un fixie, deux freins sont obligatoires pour rouler sur la voie publique. Le freinage par rétropédalage ne suffit pas à lui seul, car il ne constitue pas un dispositif mécanique indépendant et permanent. Pour éviter toute sanction et surtout pour garantir votre sécurité, mieux vaut équiper votre fixie de freins avant et arrière efficaces.

Pourquoi choisir un vélo sans vitesses ?

Les avantages communs
  • Simplicité mécanique : Moins de pièces = moins de pannes, moins d’entretien, et un vélo plus léger.
  • Légèreté et agilité : Parfaits pour la ville, les trajets plats et les déplacements rapides.
  • Style et personnalisation : Cadres épurés, couleurs variées, accessoires tendance… Le fixie et le single speed sont des supports idéaux pour exprimer votre style.
  • Économie : Coût d’achat et d’entretien réduit par rapport à un vélo à vitesses. Ils sont en général équipés de technologies de base comme des freins à patin, pas de câblage interne, bref que des choses simples à gérer mécaniquement.
Les avantages spécifiques au Fixie
  • Connexion unique avec la route : Le pédalage constant améliore la technique, l’endurance et la sensation de contrôle. L’inertie de la roue en fixie participe à l’entraînement de la roue et donc à la prise de vitesse, même en montée. Cette transmission directe de l’énergie permet une accélération plus rapide et un maintien de la vitesse avec moins d’effort.
  • Possibilité de figures : Dérapages, marche arrière, « track stand » (équilibre sur place)… Le fixie est un terrain de jeu pour les amateurs de sensations.
  • Efficacité mécanique : Transmission directe de l’énergie, sans perte due à une roue libre.
Les avantages spécifiques au Single Speed
  • Accessibilité : Plus facile à prendre en main pour les débutants ou ceux qui ne veulent pas de la contrainte du pignon fixe.
  • Polyvalence : Adapté à un usage urbain varié, et même à des parcours plus longs ou vallonnés avec un braquet adapté.

Les défis à connaître

Pour le Fixie

Le fixie impose un pédalage constant, quelles que soient les circonstances : en descente, à l’approche d’un feu ou même lors d’un ralentissement. Cette particularité peut s’avérer fatigante, surtout pour les novices, et demande un certain temps d’adaptation pour trouver son rythme et sa fluidité. Le freinage par rétropédalage, bien que caractéristique de ce type de vélo, n’est pas toujours intuitif pour tout le monde. C’est pourquoi l’ajout d’un frein avant est fortement recommandé, voire obligatoire dans de nombreuses situations, pour garantir une sécurité optimale.

Les reliefs et les descentes représentent un autre défi majeur. Dans une région vallonnée, les descentes peuvent rapidement devenir problématiques. En effet, au-delà de 120 tours par minute de cadence, il devient difficile de maintenir les pieds sur les pédales en raison d’un phénomène neuro-moteur : le cerveau peine à synchroniser les mouvements rapides des jambes, ce qui peut entraîner une perte de contrôle ou l’obligation de lâcher les pédales. Cette situation est non seulement inconfortable, mais aussi potentiellement dangereuse.

Pour le Single Speed

Contrairement à une idée reçue, il est tout à fait possible d’affronter des cols et des parcours vallonnés avec un single speed, à condition de choisir un braquet adapté à son niveau et à la topographie du terrain. Ce type de vélo n’est donc pas réservé aux terrains plats, mais il exige une bonne condition physique pour aborder les dénivelés avec sérénité. La clé réside dans la préparation, la gestion de l’effort et de la cadence, afin de maintenir une vitesse régulière sans s’épuiser prématurément. Le single speed offre ainsi une expérience exigeante, mais gratifiante, pour ceux qui aiment relever des défis tout en gardant une mécanique simple et efficace.

Le braquet sur un vélo single speed ou fixie correspond au rapport entre le nombre de dents du plateau (pédalier) et celui du pignon. Il se calcule simplement en divisant le nombre de dents du plateau par celui du pignon. Par exemple, un braquet de 1 signifie qu’un tour de pédale équivaut à un tour de roue, tandis qu’un braquet de 4 indique qu’un tour de pédale fait tourner la roue quatre fois. Plus le braquet est élevé, plus il est difficile de pédaler, mais plus la vitesse potentielle sur terrain plat est grande.

Sur un single speed ou un fixie, le choix du braquet est crucial, car il n’existe pas de vitesses pour s’adapter aux différentes situations. Un petit braquet (par exemple 2) facilite le pédalage, le démarrage et le passage des dénivelés, mais limite la vitesse maximale (sensation d’avoir les jambes autour du cou). À l’inverse, un braquet plus élevé (comme 2,9) rend le pédalage beaucoup plus exigeant, surtout en côte, mais permet d’atteindre des vitesses plus élevées sur le plat. En résumé, tout est une question de compromis : les cyclistes optent souvent pour des braquets plus élevés afin de privilégier la vitesse, quitte à fournir un effort plus important, car ces vélos ne permettent pas de changer de vitesse en cours de route.

Exemples de couples plateau-pignon selon le relief :

  • Terrain plat : 44/16 (2,8), 46/16 (2,9) ou 50/18 (2,8) (braquet polyvalent pour la ville).
  • Terrain vallonné : 44/18 (2,4) ou 42/18 (2,3) (pour faciliter les montées sans trop sacrifier la vitesse en plat).
  • Montagneux : 39/18 (2,2) ou 38/19 (2,1), 40/20 (2,0), 42/22 (1,9) ou 44/22 (2,0) (pour les côtes raides, mais attention aux descentes avec un pignon fixe !).

Vous pouvez utiliser le calculateur de Ride & Smile pour estimer vos développements et vous aider à faire votre choix.

À qui s’adressent ces vélos ?

Le Fixie

Le vélo fixie s’adresse avant tout aux urbains en quête de sensations fortes et d’un style affirmé. Son design épuré et son côté intemporel en font un choix prisé par ceux qui veulent se démarquer en ville. Les amateurs de défis techniques et de personnalisation y trouveront également leur bonheur, car le fixie permet une grande liberté de personnalisation, tant sur le plan esthétique que mécanique.

Il séduit aussi les nostalgiques du cyclisme sur piste ou les passionnés de minimalisme, qui recherchent une expérience de cyclisme pure, sans les distractions des vitesses ou des accessoires superflus. Pour les débutants motivés, les modèles « flip-flop » (roue réversible fixe/roue libre) offrent une excellente solution pour s’initier en douceur, en permettant de passer facilement d’un mode à l’autre selon ses envies ou son niveau de confiance.

Enfin, les cyclistes expérimentés y voient une nouvelle façon de s’entraîner ou de se challenger. Le fixie exige une technique de pédalage constante et une attention accrue, ce qui en fait un outil idéal pour perfectionner son coup de pédale et sa maîtrise du vélo.

Le Single Speed

Le single speed, quant à lui, convient parfaitement aux débutants ou à ceux qui souhaitent un vélo simple, sans les contraintes d’un pignon fixe. Il offre une expérience de cyclisme dépouillée, tout en restant plus accessible que le fixie, notamment grâce à la possibilité de relâcher son effort sans craindre de blocage des pédales.

Il est également idéal pour les cyclistes urbains ou sportifs qui évoluent sur des parcours variés, qu’ils soient plats, vallonnés, ou même montagneux, à condition d’adapter son braquet en conséquence. Sa polyvalence en fait un compagnon de route apprécié pour les trajets quotidiens comme pour les sorties plus sportives.

Les cyclistes expérimentés l’utilisent souvent pour des entraînements spécifiques, comme le renforcement musculaire, le cardio ou le travail de la cadence. C’est aussi un excellent choix pour une reprise d’entraînement après une pause, car il permet de se recentrer sur l’essentiel : le pédalage et l’endurance.

Enfin, le single speed plaît à ceux qui aiment le style épuré des vélos minimalistes, mais qui ne veulent pas renoncer à une certaine facilité d’utilisation. Il allie simplicité, efficacité et élégance, pour une expérience de cyclisme à la fois pure et accessible.

Ces vélos ne sont pas réservés aux trajets urbains ! Il est tout à fait possible de réaliser des parcours de plusieurs centaines de kilomètres en fixie ou en single speed, à condition de bien préparer son itinéraire et de choisir un braquet adapté. Un autre argument en faveur de ces vélos est leur simplicité mécanique, mais aussi la vitesse maximale qu’ils peuvent atteindre, qui dépend exclusivement du braquet sélectionné et de la cadence de pédalage. Par exemple, avec un braquet de 2,3 et une cadence de 90 tours par minute, il est difficile de dépasser les 30 km/h. Cela souligne l’importance de bien réfléchir à son braquet en fonction de ses objectifs et du type de parcours envisagé.

Comment bien débuter ?

Il est relativement simple de trouver un vélo complet ou un cadre adapté pour servir de base sur des sites de vente d’occasion entre particuliers, comme Leboncoin. Les budgets varient généralement entre 150 € et 500 €, selon l’état et la qualité du matériel. Pour un projet de single speed ou de fixie, privilégiez les cadres spécialement conçus pour la piste ou le fixie, plutôt que des anciens cadres de route convertis. Ces derniers ne sont pas toujours adaptés aux efforts intenses et répétés que ces disciplines exigent.

Évitez également les axes de roues à fermeture rapide (QR), qui ne sont pas recommandés pour une utilisation en fixie ou single speed. Les cadres en acier ou en aluminium, légers et résistants, sont souvent un excellent choix. Certains modèles peuvent même être équipés d’une fourche en carbone, offrant un bon compromis entre performance et confort.

Côté pédales, choisissez des modèles plates à sangle ou bien automatiques pour plus de contrôle et d’efficacité. Enfin, n’oubliez pas les accessoires essentiels en ville : garde-boue, éclairage et un antivol solide pour rouler en toute sécurité.

Choix du braquet

Un braquet de 42 dents sur le plateau et 18 dents sur le pignon (soit un ratio d’environ 2,3) est souvent recommandé comme point de départ pour les vélos single speed ou fixie. Cependant, trouver un plateau de 42 dents en BCD 144 peut s’avérer difficile, car la plupart des fabricants comme Miche ou Specialités TA ne produisent pas cette taille : leur gamme commence généralement à 44 dents. Un ration de 2,3 reste donc un bon équilibre entre facilité de pédalage et vitesse, idéal pour débuter. Vous pourrez ensuite l’ajuster en fonction de votre pratique, de votre condition physique et du type de terrain que vous fréquentez, en expérimentant différentes combinaisons de plateaux et de pignons.

Entrainement

Pour bien démarrer avec un vélo fixie, il est essentiel de s’entraîner dans un environnement sécurisé, comme une piste cyclable ou un parking vide, afin de vous familiariser avec le freinage par rétropédalage, une technique propre à ce type de vélo, ainsi qu’aux démarrages, qui exigent une coordination précise entre le mouvement des pédales et celui du vélo. Prenez le temps de bien maîtriser ces gestes avant de vous lancer dans la circulation, où la présence d’automobiles ajoute une dimension supplémentaire de vigilance. Il est également recommandé d’utiliser un système d’analyse de tracé, comme Strava ou Komoot, pour repérer à l’avance les dénivelés ou les passages techniques sur votre itinéraire. Avec un fixie, si votre vitesse descend sous les 5 km/h, l’équilibre devient particulièrement précaire, surtout si vous utilisez des pédales automatiques, et il peut alors s’avérer nécessaire de mettre pied à terre pour éviter la chute.

Avec un single speed, l’entraînement se focalise davantage sur l’endurance et la force, puisque vous ne disposez que d’un seul braquet pour affronter tous les types de terrains. Il est important de travailler votre capacité à maintenir un effort soutenu, notamment en côte, en ajustant votre cadence de pédalage et votre position sur le vélo. Comme pour le fixie, une analyse préalable du parcours est indispensable pour éviter les mauvaises surprises : un dénivelé trop prononcé ou une section technique prolongée peut vous contraindre à descendre du vélo. À basse vitesse, l’équilibre se fait plus difficile à conserver, en particulier avec des pédales automatiques. Anticiper ces difficultés vous permettra de rouler avec plus de sérénité et de confiance.

Ride & Smile va bientôt vous proposer une liste de parcours spécifiques pour ce type de vélo dans les Alpes-Maritimes et même ailleurs.

La Bible du Fixed-Gear : Sheldon Brown

Pour aller plus loin, une dernière référence incontournable : Sheldon Brown’s Fixed-Gear Page. Ce site, considéré comme la « bible » du fixed-gear, offre des explications techniques approfondies, des conseils de réglage, des calculs de braquet, et même des astuces pour convertir un vélo classique en fixie. Que vous soyez débutant ou expert, vous y trouverez des réponses à toutes vos questions sur la mécanique, l’histoire et la pratique du pignon fixe. L’auteur Sheldon Brown est décédé le 4 février 2008. Son site a continué d’être mis à jour par le magasin de vélo Harris Cyclery jusqu’à la fermeture de celui-ci en 2021 pour raisons économiques. Depuis, grâce à l’engagement de sa veuve, Harriett Fell, et de son ami John Allen, le site reste toujours accessible.

Une question de style et de sensations

Fixie ou single speed, ces vélos mono-vitesse offrent une expérience de cyclisme unique, mêlant simplicité mécanique, légèreté et un style affirmé. Votre choix dépendra avant tout de vos envies et de votre approche du vélo : optez pour un fixie si vous recherchez une connexion totale avec votre machine, des sensations pures et un pilotage exigeant, où chaque coup de pédale compte. Préférez plutôt un single speed pour une expérience tout aussi minimaliste, mais plus accessible, avec la possibilité de relâcher votre effort sans les contraintes du pédalier fixe, tout en conservant l’esprit épuré et efficace de ces vélos dépouillés.

Et vous, plutôt fixie ou single speed ? 🚴‍♂️

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